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L’exposition au risque d’explosion ou d’incendie

Respire : « L’exposition au risque d’explosion ou d’incendie est toujours là »

A pleins poumons

L’association Respire relaie l’inquiétude des habitants et des professionnels face aux poussières émises par les activités portuaires dans les quartiers de Laleu- la Pallice

«A pleins poumons ! ». Dans son nouveau bulletin, Respire, association environnementale créée en 2009, dont l’assemblée générale s’est tenue la semaine dernière, aborde un nouveau sujet : les poussières produites par les activités portuaires, céréalières principalement (« Sud Ouest » du 19 juin2015). Explications avec l’un des deux vice-présidents de Respire, Raymond Bozier.

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L’exposition au risque d’explosion ou d’incendie

« Sud Ouest ». Après les hydrocarbures, Respire se penche sur la question des poussières. C’est un nouveau combat qui s’annonce ?

Raymond Bozier. D’abord, nous n’en avons pas fini avec la question des hydrocarbures. Le danger, l’exposition au risque d’explosion ou d’incendie de 300 maisons est toujours là. Ça reste une préoccupation majeure pour nous, d’autant que ça génère aussi une pollution par l’air. Depuis le début de notre association, nous sommes intéressés par la question de l’air et de l’environnement, terrestre et marin.

Quelles sont ces poussières ? Et d’où viennent-elles ?

Nous en produisons tous, ne serait-ce qu’avec les cheminées. Mais le port de commerce de La Rochelle et toutes les activités qui tournent autour participent à l’accroissement des poussières. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 48 % de l’activité portuaire est liée à l’exportation de céréales, via deux groupes, Sica Atlantique et Soufflet Socomac. L’importation de produits tels que les engrais, les tourteaux, représente 8 %. 56 % de l’activité du port est donc liée à l’agriculture. Inévitablement, ça produit de la poussière.

Estimez-vous qu’il existe un risque sanitaire ?

Les réactions au bulletin que nous venons de publier le prouvent : il y a de nombreuses plaintes parmi la population. De nouveaux adhérents sont venus à l’association parce qu’ils souffrent de ces poussières. La nouveauté, c’est que nous avons été contactés par des gens qui travaillent sur le port de pêche, tout près des chargements céréaliers, et qui n’en peuvent plus. Il y a aussi des entreprises de la zone de Chef-de-Baie. Ce ne sont plus seulement les habitants qui se sentent concernés.

Vous avez notamment évoqué l’entreprise d’insertion Remise à flot.

Comme l’entreprise Glassolution, elle souffre de sa proximité avec les silos de Soufflet. Ces personnes sont venues vers nous en nous demandant « Que faites-vous contre les poussières ? ». Nous leur avons d’abord conseillé de prendre contact avec la médecine du travail, qui elle-même a déjà produit des rapports sur le sujet, notamment sur la santé des salariés de Glassolution. Deux médecins ont fait des rapports très circonstanciés sur les pollutions céréalières, adressés aux organismes compétents, expliquant que les salariés souffrent d’allergies, d’irritations, de picotements oculaires, etc.

Les autorités ont donc été alertées…

Certains, comme la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement), oui. Mais on ne voit pas de réaction. Nous allons continuer notre action, en fédérant les mécontentements, que ce soit sur la zone urbaine ou la zone industrielle, pour amener des améliorations. Nous le faisons, je le précise, avec les industriels. Nous avons déjà des contacts très avancés avec la Sica et nous avons rencontré pour la première fois le directeur de Soufflet. Nous allons faire en sorte que des mesures soient prises pour réduire l’émission de poussière dans l’activité céréalière. Après, il faudra aussi s’intéresser à l’activité de l’ex-cimenterie Holcim (désormais Eqiom), qui n’est qu’à 100 000 tonnes de production de ciment en 2015 et qui n’a pas encore atteint son niveau complet (500 000 tonnes par an). On s’interroge sur le jour où les cheminées vont vraiment se mettre à produire à plein régime… Il serait temps que les autorités cessent de toujours penser à l’économie pour l’économie mais réfléchissent aussi à une économie propre. Que le développement durable dont se gargarise le port de commerce ne soit pas un développement qui multiplie la pollution.

La Ville est-elle à vos côtés ?

Pour l’instant, on ne l’a pas vue. Mais vue la manière dont elle a traité la question de l’AOT Picoty (1), nous sommes un peu refroidis… Sérieusement refroidis même. Ça a un peu distendu nos contacts, mais on va les reprendre.
(1) L’an dernier, le Conseil de surveillance du port de commerce a décidé à l’unanimité de reconduire pour trente ans l’autorisation d’occupation temporaire (AOT) par l’entreprise Picoty.